samedi 28 septembre 2013

commencer l'IEF avec un enfant de maternelle

On me demande de temps en temps de parler du démarrage de l'instruction en famille (IEF) avec un tout-petit. Je vais donc simplement parler de mon expérience, en ajoutant quelques apports théoriques à petites doses, en espérant que ça puisse aider les parents qui souhaiteraient se lancer dans l'aventure !

Pour un enfant qui n'a jamais fréquenté l'école, je vois l'IEF comme la continuité de l'éducation qui lui a été proposée depuis sa naissance. Le parent est responsable de sa scolarité comme il est responsable de son hygiène de vie, de ses activités extérieures, etc. Lorsque mes enfants avaient 2 ans, je ne me demandais pas si je devais les accompagner dans leurs apprentissages : parler correctement, s'habiller, reconnaître les couleurs ou les formes, faire des puzzles ou de la peinture, découvrir la nature... C'était évident ! Je répondais à leur demande, tout simplement, et entretenais chez eux, sans en avoir pleinement conscience, le plaisir d'apprendre. C'était juste... la vie...


Personnellement, j'étais (et suis encore) persuadée que je pouvais aider Zébulle à apprendre la suite sans souci. Je me sentais à l'aise avec ça. Chaque parent accompagne ses enfants à sa façon et selon ses envies et besoins personnels. Quand mon grand avait 3 ans, je ne souhaitais pas faire l'école à la maison. Ca ne m'était même pas venu à l'esprit, je dois dire. Et même si j'avais mieux connu ce monde-là, je n'aurais probablement pas suivi cette voie.

Pour un enfant qui a déjà fréquenté l'école, il s'agira alors d'une déscolarisation. Le début de l'IEF est souvent plus difficile. L'enfant a souvent eu (mais pas toujours) un vécu douloureux avec l'école et donc avec les apprentissages. Il peut avoir perdu confiance en lui, être agressif, déprimé, voire avoir régressé physiquement (énurésie, encoprésie...) ou intellectuellement (fait le bébé, ne s'exprime plus correctement, ne sait plus faire ce qu'il savait pourtant il y a longtemps...). Il peut geindre, s'opposer ou faire des colères lorsqu'il s'agit de se mettre au travail. Rassurez-vous, ça peut aussi très bien se passer ! Et même si ça ne va pas, avec votre soutien bienveillant et éventuellement une aide extérieure, cela devrait s'apaiser avec le temps. Les pédagogies alternatives peuvent dans ce cas être d'un grand secours, car elles respectent le développement personnel de l'enfant. Parfois, un temps de rupture avec des activités très scolaires est nécessaire, notamment pour une déscolarisation en cours d'année.


Personnellement, j'ai bien senti la différence entre les attitudes de Zastral, Zéphyr et Zébulle. Commencer l'IEF derrière plusieurs années d'école, ce n'est pas tout le temps facile. Pression des notes, colère, dévalorisation, régression, tout ça nous l'avons vécu ! Pourtant, dès les premières semaines, nous avons constaté de nettes améliorations. Les relations fraternelles se sont améliorées. Zéphyr et Zastral se sont énormément rapprochés, voulant dormir régulièrement dans la même chambre. En fin de compte, Zastral s'est apaisé et épanoui ; il a retrouvé le sourire. Zéphyr a développé ses centres d'intérêts avec passion (mathématiques, pierres précieuses, etc.).


Dans cet article, je vais uniquement parler de l'instruction en famille, parce que c'est le choix de notre famille. Les parents qui font l'école à la maison choisissent souvent d'avoir recours à des cours par correspondance (certains combinent les 2 façons de faire aussi). C'est rassurant et ça nécessite moins de préparation pour les parents, mais ça implique une moindre liberté pédagogique. Je n'ai pas vraiment d'avis sur les différents cours par correspondance, car je n'ai pas testé. Je pense qu'en maternelle en tous cas, puisque c'est le sujet de mon article, on peut très bien s'en passer. Je ne vais pas non plus parler du unschooling. Ce n'était pas notre choix, ça ne correspondait ni à mes attentes, à ce que je me sentais capable de proposer, ni aux besoins de mes enfants.

L'instruction en famille se compare difficilement à l'école. C'est un autre mode de vie, de fonctionnement. Ce n'est pas l'instruction en famille contre l'école traditionnelle. Personnellement, je ne suis pas contre l'école, ni pro IEF. Il y a des inconvénients en IEF et des avantages aussi à aller à l'école. Chacun doit trouver ce qui convient le mieux à sa famille. 
Lorsqu'on n'a pas connu l'IEF, d'une manière ou d'une autre, on peut s'inquiéter de ne pas savoir comment faire. C'est légitime. L'école prend habituellement en charge l'instruction des enfants, donc on n'a plus à leur apprendre à compter, à écrire ou à lire. A nous alors de chercher ce qu'il y a en principe à savoir et comment nous allons accompagner notre enfant dans cet apprentissage.

Ce qu'il y a à savoir en fin de maternelle :

C'est le plus facile à trouver !

Ce qu'un enfant doit savoir, selon l'éducation nationale, à la fin de l'école maternelle :
http://www.education.gouv.fr/bo/2008/hs3/programme_maternelle.htm

A savoir que nous ne sommes pas tenus de leur apporter ça avant 6 ans. C'est un choix personnel qui dépend un peu des désirs des parents et beaucoup des besoins de l'enfant. Si votre objectif est de scolariser vos enfants en primaire, cela les aidera sûrement d'avoir les bases recommandées.

À l'école

Organisation du temps scolaire pour un enfant de maternelle :

A mon premier stage à La Source, Yvette nous a dit que pour un enfant de 3 ans, la durée de concentration avoisinait 15 minutes. Il s'agit d'une moyenne. Pour Zébulle c'était plus, pour d'autres ce sera un peu moins. A 3 ans, le temps de travail d'un enfant devrait être d'environ 15 minutes par jour. Il n'est pas question de le limiter s'il est concentré plus longtemps, bien sûr ! Pareillement, quand l'enfant n'est plus réceptif, ce n'est pas la peine de continuer. J'appelle "temps de travail" le moment où l'on demande à l'enfant de venir s'installer avec nous dans la classe pour y faire l'une ou l'autre activité scolaire.
La concentration de l'enfant est plus importante si l'activité choisie répond à son besoin du moment. Quelques fois, on peut être surpris. Je me souviens de Zébulle passant 3/4 d'h sur des cylindres Montessori ou sur des transvasements de semoule.


Ce temps de travail devrait être régulier : par exemple, 4 jours par semaine après le petit déjeuner, la sieste ou après telle activité. A chaque famille de trouver le moment le plus judicieux, selon les disponibilités du parent et les besoins de l'enfant. Même si au début il ne reste tranquille que 10 minutes, cette régularité devrait lui permettre d'accroître sa capacité d'attention.

Chez nous, nous avons une préférence pour le travail en matinée. Avec Zébulle, nous travaillons ensemble environ 1h après avoir déposé les garçons à l'école. Pendant ce temps, je suis complètement disponible pour elle. Parfois nous travaillons plus longtemps, parfois nous préférons sortir nous promener. Je m'adapte à notre humeur et à nos envies. Souvent, après le temps de travail, elle fait quelques activités sans ma présence à ses côtés : dessin, pâte à modeler ou autre. Il arrive aussi que Zébulle demande de nouveau un temps scolaire à un autre moment de la journée.


A partir de 4 ans, l'enfant devrait pouvoir travailler pendant 1h. A 5 ans, 2h. A 6 ans, 3h. Ces durées sont données à titre indicatif et ne sont pas comparables à des temps d'école traditionnelle. Elles correspondent à une durée de travail, non à une capacité de concentration optimale. Il est généralement recommandé d'alterner les activités qui demandent une forte concentration et celles qui en nécessitent moins. En pédagogie active, les enfants choisissent eux-mêmes certaines activités, ce qui leur permet de faire des "pauses" si nécessaire. J'entends par "pause" des activités plus reposantes. Il n'est pas rare qu'un enfant prenne une activité facile pour lui ou ressente le besoin de prendre l'air après un effort soutenu. D'ailleurs, tous les enfants n'ont pas besoin de s'aérer ou de se reposer au même moment.

On peut commencer le temps scolaire par un rituel pour mettre l'enfant dans l'ambiance : jour, météo, chant, etc.

Accompagner son enfant au niveau pédagogique :

Mon désir, c'était d'accompagner mes enfants avec les pédagogies alternatives (dites aussi nouvelles, actives ou participatives). J'ai grandi dans une école primaire Freinet et j'ai adoré ça. J'avais envie d'aller à l'école tous les jours, je m'y sentais bien ; j'aimais les outils, les ateliers qui étaient proposés, les responsabilités, la vie de l'école... C'est donc naturellement que j'ai commencé, à l'âge adulte, à me renseigner sur les pédagogies alternatives. Eh oui, il n'y a pas que Freinet dans la vie ! Comme, pour moi, il n'y a pas que Montessori ! C'est vrai que je trouve la pédagogie Montessori particulièrement bien adaptée aux jeunes enfants, mais il existe des écoles maternelles Freinet aussi !

L'idéal est, pour moi, de prendre ce qui convient dans chaque pédagogie et donc, pour ce faire, d'en connaître plusieurs ! J'aime aussi la pédagogie institutionnelle et certaines idées d'autres pédagogues.

             Maria Montessori

Me former, lire, partager, c'était un besoin que j'avais. Je suppose qu'il est tout à fait possible de faire l'IEF sans, mais je pense que c'est un vrai plus. Ca aide non seulement au niveau "technique", méthodologique, mais aussi au niveau relationnel. Et j'avais envie de ça pour Zébulle et aussi pour moi, car j'y trouve vraiment mon compte ! Ce que j'apprécie dans les pédagogies alternatives, c'est la vision optimiste et respectueuse de l'enfant, la philosophie humaniste.
Mon seul conseil serait, si ce n'est de vous former, au moins de vous informer. C'est si facile aujourd'hui ! Il y a tellement de livres et d'informations sur le net.

Quelques livres de Maria Montessori :



Vulgarisation :

 

Livres méthodologiques :



Quelques livres sur la pédagogie Freinet :

Oeuvres Pedagogiques - Tome 1 de Célestin Freinetcouverture pédagogie freinet freinet

  Freinet en maternelle :                                               Dvd :

   

 Magazine :                                     Pédagogie institutionnelle en maternelle :

                     

Quelques sites internet intéressants :

L'école vivante
Céméa
Le site de Philippe Merieu
ICEM
Il y en a beaucoup d'autres, je vous laisse les découvrir au fil de vos promenades virtuelles. Il y a également plein de blogs sur l'IEF ; vous pouvez en trouver quelques uns dans mes listes de blogs, à droite de l'écran.

Voilà la première partie de mon petit exposé. Je découpe car je crains que ça ne soit pas très digeste sinon... Quoi, déjà comme ça ? lol.

Dans le prochain article, je parlerai de la mise en place des pédagogies nouvelles à la maison, dans le cadre de l'IEF, toujours selon mon expérience personnelle de maman.

Merci de m'avoir lue !

9 commentaires:

  1. merci pour ce partage d'expérience, cela m'encourage à continuer l'IEF avec ma fille de 3 ans et demi!
    Emilie

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Emilie,
      Un peu de soutien moral fait toujours du bien ! Bonne continuation en IEF !
      A bientôt

      Supprimer
  2. Cet article m'épate : des informations, beaucoup de recul et de bienveillance ! quel talent d'écriture aussi...

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour ce bel article, je viendrai lire la suite ! Chez nous la joie d'apprendre commence à être plus présente chez mon grand qui était assez traumatisé par l'école. En ce moment, nous passons 2 heures ensemble le matin, en alternant chant, danse, musique, activités Montessori de type sensoriel ou vie pratique, arts, lectures offertes... l'après midi, durant la sieste du petit, je prends un moment au calme avec mon grand : on fait des jeux de société. Je vais présenter aussi l'après-midi le matériel pour les maths ou la lecture. Le reste du temps mes enfants jouent librement. On fait aussi des sorties culturelles ou dans la nature.
    Pour le petit de 2 ans, c'est différent, il ne connait ni l'école ni la crèche, donc il a juste l'impression de passer tout le temps de bons moments avec maman ou le grand frère. Le matin, je lui laisse faire ce qu'il veut : il aterne : jeux avec des voitures, calins avec maman (tandis que le grand "travaille" sur le cabinet de géométrie à côté) , il va volontiers chercher des feuilles et des crayons pour dessiner, il balaye, va jouer dans l'eau du lavabo pendant un moment, revient, choisit une activité Montessori sur un plateau, la fait, ne la range pas, va voir ce que fait son frère, essaie aussi... Il adore le matériel Montessori qui n'est normalement pas pour son âge, je lui laisse à condition qu'il ne jette pas le matériel; Il démonte avec soin la tour rose, il est très doué avec les emboitements cylindriques, il classe par couleur les cylindres colorés et les boites à sons... Il baigne aussi dans un bain culturel qui le fait progresser : comme le grand frère adore les livres, le petit passe aussi beaucoup de temps à regarder des albums et des imagiers (que je commente régulièrement). Il entend son frère parler, compter... et ça l'intéresse beaucoup. Le grand montre à son frère certaines activités : par exemple les flacons du goût dans lesquels nous avions mis des jus de fruits. Le fait d'avoir deux enfants d'âge différents renforce la coopération et les apprentissages. J'ai lu déjà beaucoup de livres sur la pédagogie Montessori, je connaissais la pédagogie Freinet et maintenant je m'intéresse au unschooling qui est à l'opposé de mon métier d'enseignante.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Marie. Merci aussi à toi pour ce partage d'expérience !
      Je suis contente de lire que ton grand commence à retrouver le plaisir d'apprendre. Le unschooling me semble intéressant aussi, même si je ne souhaite pas le mettre en pratique chez nous.
      Il n'y a pas d'âge pour commencer à faire des activités. J'ai commencé à proposer du Montessori (adapté) à ma fille lorsqu'elle avait 18 mois. C'était très sympa !
      A bientôt

      Supprimer
  4. + 1 super article !
    mais - 1 le lien vers le site de Philippe Meirieu !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonsoir Eugénie,
      Philippe Mérieu est une de mes références en matière d'éducation. ;)
      Merci pour votre commentaire.
      A bientôt

      Supprimer
  5. Merci énormément c'est précisément ce genre de billet que je recherchais !! Il est au top. Et ça fait tellement de bien de lire des mots qui me parlent et d'avoir ce sentiment de ne pas me sentir seule. Merci pour ça !

    RépondreSupprimer

Pour me laisser un petit message sur cet article, merci de bien vouloir utiliser ce formulaire. Pour recevoir des doc par mail ou poser des questions personnelles, n'hésitez pas à utiliser la page "contactez-moi" que vous trouverez dans la rubrique "libellés".
J'aime beaucoup recevoir des commentaires, alors merci d'avance !